Hommage à Christian COISSIEUX
Disparu trop tôt

Christian COISSIEUX, affectivement connu aussi sous le nom du grand Maître X'eu par ses élèves, s'est éteint le 6 juin 2008, serein. Terrassé par un cancer foudroyant à l'âge de 65 ans.

Les hommages furent nombreux lors de la modeste cérémonie où amis, élèves et proches vinrent lui dire adieu. On parla du père remarquable, de l'époux attentionné, de l'ami rassurant et drôle, de son humour et ses dictons qui nous accompagneront longtemps encore. On parla également du céramiste de talent doté d'une grande modestie, chercheur invétéré, pionnier incontestable qui créa une école au sens noble du terme, où une haute technicité est indissociable d'une éthique, d'une certaine façon d'aborder le métier.


Christian COISSIEUX était aussi mon Père, mon partenaire, et demeurera à tout jamais mon Maître. Il a su me transmettre petit à petit le gouvernail de ce gros bateau qu'est AGIR Céramique, L'Ecole des Céramistes. Il m'a donné la vie, m'a appris le métier, mais bien plus encore.

Il a ouvert des voies insoupçonnées, il a été un pionnier toute sa vie, un grand créateur, jusqu'à la fin. Ma chance est d'avoir travaillé à ses côtés pendant 14 ans, comme élève puis comme associée, nous aimions bien le terme de "tandem" pour qualifier notre étroite collaboration.

Maintenant je demeure seule, comme lui au début de son activité, avec la sensation qu'il m'accompagne dans chacun de mes actes, dans les décisions importantes que je dois prendre toute seule à présent. Nous avons vécu au plus proche, et cela demeure ainsi, différemment.

 

Ce qui me manque le plus est son regard bienveillant, sa châleur, et d'embrasser en riant ses joues bien colorées de soleil sous sa barbe toujours bien taillée et douce.
Sa maladie fut très rapide, un mois à peine de bataille acharnée. Depuis le début, nous savions que la médecine traditionnelle ne pouvait proposer que des soins "palliatifs". Alors nous avons lutté, armées de toutes les médecines parallèles que nous avons pu trouver dans le monde entier. Nous avions besoin d'agir, d'y croire ... de pouvoir le regarder en face et faire encore des projets avec lui jusqu'aux derniers moments.

Il parlait de mon mariage, prévu pour le 5 juillet, avec tant d'enthousiasme. Tout le personnel soignant était au courant ! Nous avions du freiner un peu son entrain, sinon nous aurions invité la terre entière tant il était heureux de cet évènement. Nous maintenons la date, il y tenait beaucoup, mais partit jour pour jour un mois avant, se posant la question de sa tenue vestimentaire pour l'occasion.

Son seul souci était de nous laisser sans sa protection, et le nôtre de le tirer de ce mauvais pas. Heide, sa femme, ma maman, fut admirable, d'un courage inimaginable. A ses côtés sans relâche dans ce terrible cauchemar dans cet hôpital où il rendit son dernier souffle, serein. Nous avons eu la chance d'être entourés par l'élite des médecins, chirurgiens, et personnel soignant d'une grande délicatesse, leur présence médicale mais aussi humaine sans égal. Il avait une entière confiance en eux.

Parmi les hommages qui lui furent rendus en ce triste lundi 9 juin, on évoqua son humour, son savoir quasi-encyclopédique, son regard averti sur le monde du haut de son îlot de nature : Régagnas. C'est dans ce hameau typiquement caussenard qu'ils s'étaient installés en 1972, lui et sa jeune épouse Heide.

Régagnas était mort, ils l'ont fait revivre.

Il y demeure à présent, dans chaque brin d'herbe, chaque pierre, chaque nuage…

Heide est et sera à jamais son amour, et ses filles sa fierté. Yasmine, la cadette, a créé l'Ecole des Chevaux, qu'il a quittée en pleine ascension.

Christian COISSIEUX fut un inventeur exceptionnel qui ouvrit des voies inattendues. A nous maintenant de le continuer, d'avancer sur ce chemin qui se créée par nos pas, afin qu'il soit encore fier de nous.

 

 

T'inquiète pas, Papa, tu nous as bien lancées sur le chemin de la vie, c'est en nous que le tien continue, tu nous as appris le courage, et nous pouvons ainsi affronter cette indiscible tristesse qui nous envahit ...

 

 

Le soir de ta mort, il y avait une portion d'arc-en-ciel qui s'élevait vers les nuages contrastés du couchant gris-mauve. Comme une échelle. Nous sommes surs que c'était toi.


   
   
Tu t'es volatilisé comme une comète, toi qui connaissais le ciel comme sa poche … Tu disais que les pionniers sont amenés à disparaître, mais, Papa, pourquoi si tôt ?
 
   
   

Nous recevons quotidiennement de très nombreux messages, mails, lettres, témoignages d'amité, hommages ... chacun d'entre eux nous aide à supporter le gouffre de son absence, arrachement violent à la vie, lui qui voulait vivre. Tous ces messages atténuent l'errance de nos sensations dans le dédale de notre tristesse infinie.
Merci, et puissiez-vous nous pardonner si nous ne répondons pas toujours... n'oubliez pas que je dois finir l'année scolaire avec une équipe d'élèves formidables qui méritent bien toute mon énergie !

En voici quelques extraits ...

Chère Ariane
Je remontais de l'atelier où nous organisions aujourd'hui des journées portes ouvertes
quand christian m'a annoncé la mort de ton père.
Nous avons communiqué toute la journée
les messages et tout ce que ton père et toi
nous ont appris et transmis,
dans sa façon d'aborder la céramique.
Nous pensons à lui chaque fois que l'on tourne
que l'on bataille avec le four ou les émaux,
tout ce virus qu'il nous a transmis, cette quette qui est devenue notre quotidien
tous ces messages qu'il nous a fait passé, que l'on a compris des fois bien plus tard
a tout ce qui nous permet de reconnaitre au premier coup d'oeil l'un de ces élèves
et voilà qu'il s'en va
sans même que l'on ne lui ait dit merci ....
tellement persuadé qu'on était de le croire immortel,
appliqués que nous étions à faire germer les graines de vie qu'il nous a transmis
Nous sommes sous le choc.

on vous embrasse très très fort.
Karine et Christian Piat
Chere Ariane et famille,
la mauvaise nouvelle
nous prende au depourvu et elle nous cause beaucoup de chagrin.
Nous
vous presentons toutes nos condoleances et nous partecipons a votre
douleur.
Avoir rencontrè et connu maitre Christian etait un honneur:
son esprit joyaux, son amour pour la nature, sa passion pour la
ceramique, sa profonde sagesse et tout ce qu'il nous a appris.

Un grand embrassament
Michela et
Elisa
Italia

J'ai toujours été admirative de la valeur et de la force de tout ce qu'il a construit (autant intérieurement que matériellement) et su vous transmettre de son vivant à Régagnas et je garde confiance pour vous tout en mesurant l'infini douleur qu'il s'agit pour vous aujourd'hui de surmonter.
Olga

Mon ami Christian,
(...)
Avec toi, j'ai appris comment prolonger une réflexion : partir du geste, du quotidien pour s'interroger sur les dimensions de la vie.

Cette amitié, nous l'avons partagée aux hasards des rencontres (comme dans un aéroport où tu revenais de l'Extrême-Orient et où je partais vers l'ouest) ; aux passages par Regagnas - haltes sur la route qui m'ont toujours paru comme des moments privilégiés -.

Alors que j'accuse le coup et que la tristesse m'a envahi, je me dis que j'ai aussi appris avec toi que l'on peut cultiver le silence, partager des moments pleins et sans mot. Alors ce grand silence qui suit ton départ, n'est-il pas aussi un long moment où tu seras toujours présent pour continuer cette conversation entamée plusieurs décennies auparavant ?
Joël


Je suis bouleversée d'apprendre la disparition de Christian. Il est à mes yeux et le restera toujours l'un des plus grands céramistes. Quand je me suis rendue pour la première fois à Régagnas; dans la salle exposition les larmes me sont montées aux yeux en contemplant ses oeuvres. Il a été le déclancheur de mon amour pour cette discipline. Ce "papa Noël" comme je l'appelais m'a transmis le métier; souvent je l'en remercie car aujourd'hui il m'apporte bonheur et épanouissement.
Tiphaine
Aille, j'ai pas les mots mais c'est une injustice... Mes pensées sont avec vous.
Adieu Christian de Régagnas.
Guillaume
Chères Heide, Ariane et Yasmine,
(...) Mes pensées vont vers vous et vers lui, lui et son sourire si
doux, lui et son exigence, lui et ses combats, lui et son amour infini
pour vous, lui et ses certitudes, lui et ses doutes, lui et sa
patience, lui et sa curiosité pour tout et tous, lui et sa
gentillesse, ... tant de choses que nous conserverons au chaud dans
notre mémoire....
Anne

Je suis bouleversé par la disparition de Christian qui me laisse démuni. J'ai eu peu d'amis dans la vie, si peu en fait que Christian était le seul vrai. Je suis très triste de ne pas pouvoir être là pour l'accompagner dans son dernier voyage.
Bien sûr qu'on s'est très peu vu depuis 8 ans, mais il était là en moi, lui qui m'a tant appris et donné. Je respectais son intégrité, son savoir et son humanité. J'ai vécu avec vous en de nombreuses occasions, vous étiez comme une autre famille pour moi, j'aurai à jamais le regret ne n'avoir pas su venir le voir une dernière fois pour lui dire encore combien il comptait pour moi. C'est un maitre qui disparait, mon maitre.

Il a bâti avec Heide, un domaine, avec leur travail et une énergie farouche, chaque jour intacte. Sa mémoire sera à jamais vivante à Régagnas qu'il a sublimé.

Michel

   
 

Il nous reste tes bambous et les salades que tu as plantées pour maman avec tes dernières forces ...

 

Adieu Papa Chéri.
  Régagnas, le 12 juin 2006.

 

PS: si vous avez des photos de lui, nous sommes preneurs ...

 

Dernière nouvelle:
La Revue de la Céramique Moderne nous fait l'amitié de publier un article-hommage de deux pages concernant Christian COISSIEUX, avec photos flamboyantes de couleurs.
Pour commander la revue, elle ne coûte que 4.50 €, il suffit d'envoyer un mail ici : ceramique-moderne@wanadoo.fr, et de demander le dernier numéro contenant l'article concernant Christian Coissieux.